1- Prendre conscience. Généralement, c’est un diagnostic posé qui permet la prise de conscience de notre trouble. Il est important de recevoir le diagnostic non pas comme une sentence tragique mais comme une aide. Le diagnostic ne nous invente pas une maladie mais révèle un trouble présent depuis longtemps et qui est plus que jamais nécessaire d’être traité. Le plus difficile est de reconnaître que quelque chose en nous ne va pas, ne plus subir inconsciemment ses problèmes. C’est donc la première étape : accepter.
2- Trouver son psychiatre et le bon traitement. Avoir une relation de confiance avec son psychiatre est déterminant dans le soin de notre trouble. Il ne faut pas hésiter à changer jusqu’à trouver chaussure à son pied. Parce que c’est de la qualité de la relation entre patient et psychiatre que va découler le traitement le plus adapté. Bien qu’il y ait des médicaments reconnus efficaces généralement pour se stabiliser comme le Lithium, le Lamictal et le Xeroquel, il n’existe pas de formules miracles universelles. Chacun réagit différemment à ces différents soutiens chimiques. Certaines molécules seront plus ou moins bien reçues par chacun, et les mêmes doses n’ont pas le même impact sur différentes personnes. Il faut du temps et une bonne communication avec son psychiatre pour trouver le traitement qui stabilise au mieux et qui engendre le moins d’effets secondaires. Aussi, l’acceptation de prendre un traitement est déterminant pour soigner sa bipolarité. Certes, cela peut paraître « malsain » d’ingurgiter ces poisons qui font les choux gras des laboratoires, mais malheureusement on n’a pas encore trouvé mieux pour soigner des états de crises ou de dépressions. Avoir confiance en son traitement est un signal très positif envoyé pour un futur meilleur. Cependant le traitement ne suffit pas pour s’en sortir. Il faut mettre des moyens thérapeutiques supplémentaires pour qu’avec le temps, ils puissent petit à petit se substituer à la camisole chimique et pourquoi pas à long terme mettre fin au traitement, tout cela en collaboration avec son psychiatre.
3- Psychoéducation et thérapies. Être suivi par un psychiatre et prendre son traitement est la base du soin mais si l’on veut s’en sortir ça ne suffit pas. Ce n’est que la partie immergée de l’iceberg, pour se soigner en profondeur, une introspection est nécessaire. La psychoéducation donne des outils pour comprendre ce qu’est la bipolarité et pour identifier l’impact que ce trouble a dans notre vie. La psychoéducation permet de prendre un recul sur son trouble, de se placer en observateur des différentes périodes malades et trouver des indicateurs qui peuvent nous alerter sur nos humeurs (ex : la durée du sommeil).
La thérapie cognitivo comportementale (TCC) est une arme très efficace pour démêler nos émotions. La bipolarité s’apparente souvent à une gestion compliquée de nos émotions. Comprendre comment fonctionnent nos schémas « situation-émotion-pensée-comportement » permet de dénouer le flou artistique qui nous habite et acquérir de la maîtrise là où l’on subissait inconsciemment…
4- S’exprimer. Si les thérapies ne sont pas envisageables pour des raisons quelconques, il faut du moins s’exprimer. C’est une nécessité. Un état de crise -maniaque ou dépressive- est l’effet d’une longue période d’accumulation de stress, d’anxiété qui n’ont pas pu être exprimés. Comme une cocotte minute, si l’on accumule la pression sans la libérer d’une manière ou d’une autre, on explose. Alors il faut s’exprimer, à un psy, à un proche, à un inconnu, sur un papier, sur une toile, avec des notes, du sport, du théâtre, à une étoile, etc. Tout les moyens sont bons et il est très conseillé de les cumuler. S’exprimer c’est sortir de l’isolement, « cracher son mal » via divers moyen, c’est s’extirper de sa souffrance imaginaire, c’est réaliser pour ensuite relativiser. Rencontrer et échanger lors de groupes de paroles étant le must dans cette discipline.
5- Prendre soin de soi. Plus sensibles que la normale, nous devons prendre plus soin de nous que la normale. Prendre soin de soi physiquement : attention à son sommeil, son alimentation (limiter produits toxiques, alcools), prendre l’air-le soleil ! Prendre soin de soi psychiquement : attention aux environnements aux gens qui nous provoquent du stress. Notre hypersensibilité qui a engendré bien des fragilités nous demande d’être bienveillant à notre égard. L’auto-culpabilité et l’auto-jugement sont bien souvent ce qui gangrène à l’origine d’un trouble.
6 – S’informer, s’ouvrir. A la différence des générations précédentes qui ont eu bien du mal à se soigner, nous avons la chance d’avoir un accès illimité à l’information. Internet et les librairies sont des réelles richesses et regorgent d’outils et de connaissances pour s’armer, pour comprendre, pour aller plus loin.
Il ne faut pas hésiter à s’ouvrir au savoir médical des autres cultures. Bouddhistes, Amérindiens, etc. ont depuis des siècles entretenu des sagesses ancestrales qui peuvent nous être insoupçonnable-ment très utiles. Je pense aux bien-faits de la méditation par exemple. Il faut être ouvert à l’Autre.
7- Cultiver l’espoir. Je terminerai par la clé qui transcende toutes les autres. Pour soigner sa bipolarité et pourquoi pas s’en sauver, il faut se bâtir un état d’esprit optimiste. Le chemin pour comprendre son trouble est le même chemin que la connaissance de soi, du développement personnel. Sur ce chemin nous rencontrons nos peurs cachées, nos craintes, nos blessures les plus profondes ; ce sont ces épreuves que nous devons affronter pour dépasser nos souffrances. En prenant cette direction, notre trouble évoluera, les périodes de crises seront moins longues, moins fortes mais ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Alors il faut s’armer d’espoir et de patience pour cette longue traversée faite de vagues et tempêtes. Lorsqu’on accepte ce combat, le meilleur est toujours à venir. Il n’y a pas de fatalité.
J’ai mis en œuvre ces moyens que j’expose ici, et je vais mieux, oh beaucoup mieux ! Les grandes vagues du passé sont aujourd’hui des vaguelettes, il y a même des situations que je gère mieux qu’une personne dite « normale ». Car en soignant mes troubles, j’ai acquis une certaine sérénité là ou des personnes dite « normale » sont troublés « raisonnablement ». Sur ce chemin de compréhension de ma bipolarité, je vais à la rencontre de moi-même et j’ai la prétention d’écrire que j’ai aujourd’hui une meilleure conscience de moi-même et du monde que les gens « normaux » qui n’ont pas fait ce travail.
Avec le recul, ce diagnostic a été une chance, car la personne que je suis aujourd’hui est en meilleure santé que la personne que j’étais avant le diagnostic. Ironie du sort hein !
Cela n’est pas encore prouvé par les médecins, cependant je l’affirme : on peut guérir de la bipolarité. J’y tends. Et mon témoignage en sera la preuve.
Patience et espoir.
W in blogs.lexpress.fr
Je tiens à faire figurer sur bipolaires 64/40 cet article qui me paraît très intéressant, bien que la conclusion me semble un peu osée: peut-on guérir de la bipolarité ? Chacun se fera son opinion.
Il s’agit d’abord, et avant toute chose, comme le précise W, auteur de cet article, d’accepter la pathologie, puis de recourir à la psychoéducation et se trouver un bon psychiatre. Ceci peut prendre du temps, beaucoup de temps. Puis prendre soin de soi et s’informer régulièrement.
Mais aller jusqu’à affirmer qu’on peut guérir de cette maladie me semble faire un grand pas, assez pour constituer un gros risque pour le patient. Des témoignages sont là pour conclure à la nécessité de poursuivre son traitement médicamenteux, poursuivre la psychoéducation et surtout s’informer. A chacun de se faire son opinion.
Bipolaires 64/40
NDLR