Une campagne d’information en ligne lancée en mars 2017 propose de « vivre » le quotidien des quelque un million de Français atteints de troubles bipolaires, maladie psychiatrique très invalidante mais mal connue et souvent stigmatisée.
Dans une vidéo interactive, le spectateur peut, d’un simple clic ou en retournant son téléphone portable, passer de la phase « down » (dépressive) d’un malade à sa phase « up » (maniaque).
Dans la première version, Thomas, en jogging sur son canapé, semble apathique. Des assiettes vides, du courrier et des poubelles s’accumulent dans son appartement. Il ne veut ni ouvrir sa porte ni répondre au téléphone.
Volte-face dans l’épisode maniaque: le jeune homme est exalté, rigole et parle tout seul, mange pour quatre, change dix fois de tenue, multiplie les achats…
Le premier but de cette campagne (à l’adresse https://www.territoiresbipolaires.com/ et sur les réseaux sociaux) est d' »informer les jeunes », car « la méconnaissance, la stigmatisation et les préjugés qui entourent toujours les troubles bipolaires sont un frein à l’accès aux soins », expliquent la Fondation Fondamental et l’Association Argos 2011.
Il y a en effet en moyenne « 10 ans de retard » entre le premier épisode bipolaire, qui survient souvent entre 15 et 25 ans, et le diagnostic, ajoutent la fondation dédiée à la lutte contre les troubles psychiatriques et l’association dédiée aux personnes atteintes de troubles bipolaires et à leurs proches.
Ces troubles, difficiles à diagnostiquer, touchent 1 % à 2,5 % de la population française (soit 650.000 à 1,5 million de personnes), selon la Haute autorité de santé, qui souligne que ce chiffre est probablement sous-évalué.
Auparavant appelés « psychoses maniaco-dépressives », ils se caractérisent par une alternance de phases dépressives et de phases d’exaltation dites maniaques ou hypomaniaques.
Cette pathologie, l’une des maladies psychiatriques les plus sévères, est généralement prise en charge avec un traitement régulateur de l’humeur, des psychothérapies spécialisées et le respect d’une bonne hygiène de vie.
La campagne inclut aussi une « cartographique de la maladie », pour découvrir ses symptômes: troubles du sommeil, repli sur soi, mélancolie, achats compulsifs… On apprend par exemple que 25 % à 60 % des patients bipolaires feront au moins une tentative de suicide dans leur vie.
La maladie est aussi associée à une mortalité prématurée (10 à 20 ans d’espérance de vie en moins), du fait notamment de maladies cardio-vasculaires plus fréquentes.
Cette campagne est lancée à l’occasion de la 3e journée mondiale des troubles bipolaire, organisée en date de la naissance de Vincent Van Gogh. Certains experts estiment en effet que le peintre néerlandais, qui s’est coupé l’oreille et s’est suicidé à l’âge de 37 ans, était atteint de cette maladie.
30/03/2017 – Paris (AFP) –